BELC numérique 2021

By | 17 octobre 2022

BELC numérique de Hong Kong (15-25 juin 2021) : bilan et enseignements

Dans le prolongement des axes de travail identifiés pour accompagner la numérisation de l’enseignement du français Hong Kong a accueilli sa deuxième édition de l’université régionale BELC – en ligne et en présentiel – après une première séquence réussie en juin 2019.

  1. Caractéristiques et temps forts du BELC numérique de Hong Kong :
  • Premier BELC numérique d’Asie : après les universités régionales en ligne proposées par France Education International en février 2021 pour le réseau culturel au Kenya en avril, le poste et l’Alliance française de Hong Kong ont proposé trois modules de formation en ligne sur les thèmes de la phonétique (deux sessions animées par François Blondel), l’enseignement comodal (une session animée par Tony Tricot) et enseignement du Français langue étrangère aux jeunes publics (une session conduite par José Ségura).
  • Des partenariats qui s’inscrivent dans la durée : qu’ils soient institutionnels (France Education International, Institut français pour la conférence inaugurale) ou privés (TV5MONDE et éditeurs de FLE : Hachette, Clé International et Didier FLE), ils ont pu être maintenus, grâce notamment à la tenue d’un salon virtuelle des éditeurs. La nouvelle collaboration avec l’Académie de l’Alliance française de Paris-Ile-de-France, en convention avec FEI, centre de formation continue des professeurs de FLE aura vocation à se poursuivre.
  • Création d’un module de formation inédit sur l’enseignement comodal: pour répondre au défi de l’enseignement simultané en présentiel et à distance, dont la pratique se généralise à Hong Kong et plus largement en Asie, un module expérimental a été imaginé en partenariat avec l’Académie de l’Alliance française de Paris, avec le soutien de France Education International. Avec un taux de satisfaction de 100%, ce module à fort potentiel a désormais vocation à être mobiliser par le réseau.
  • Offre en présentiel pour les professeurs locaux : ce format traditionnel a été complété par quatre ateliers thématiques dans les locaux de l’Alliance française de Hong Kong. D’une durée de 3h, ils  visaient à renforcer leurs compétences en matière de pratiques numériques pédagogiques numériques (oral en ligne, créer des projets BD, des capsules vidéo pédagogiques et organiser sa veille numérique professionnelle).
  • Participation forte pour cette première édition hybride : au total, plus de 100 professionnels du FLE y ont participé (94 participants et 7 formateurs). 54 professeurs de la région (dont la moitié de coordinateurs de cours) ont participé aux modules en lignes du BELC et 40 professeurs locaux se sont inscrits aux ateliers en présentiel. Une dizaine de pays de la région (Australie, Chine, Inde, Malaisie, Mongolie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Thaïlande et Vietnam) regroupant une vingtaine de grandes villes était représentée.
  • Un taux de satisfaction élevé : 97% de satisfaction générale et une note de recommandation à 8,4/10

2- Principaux enseignements :

  • La conférence consacrée aux évolutions de la formation depuis 2020 a permis d’en évoquer les principaux enjeux : France Education International, par la voix de son directeur-adjoint Stéphane Foin et de la directrice adjointe du Département langue française Valérie Lemeunier, l’Alliance française de Paris-Ile-de-France, par celle de son directeur Franck Desroches et de la responsable du service de pédagogie et des projets numériques Anne-Lyse Dubois, ainsi que l’Institut français représenté par le directeur-adjoint du pôle langue française, livres et savoirs, Francky Blandeau, ont partagé leur vision des mutations de l’enseignement du français et des défis que posent l’hybridation accélérée des pratiques pédagogiques et le maintien de l’attractivité de notre langue.
  • Un défi de taille : surmonter l’ « insécurité numérique » des enseignants. Leur appréhension croissante face à l’utilisation des outils numériques a été unanimement soulignée, en rappelant qu’il s’agissait d’un tout nouvel aspect du métier – qui avait vocation à être mieux pris en compte dans la formation initiale. Elle se double d’une fracture générationnelle, les enseignants les moins jeunes ayant plus de difficultés à adapter leurs pratiques. Le manque d’aisance avec le numérique se traduit également par une « insécurité pédagogique » conduisant dans certains cas à des décrochages professionnels au détriment de l’enseignement du français.
  • Un écueil à éviter : la « zoomification» ou « gadgétisation » de l’enseignement du français. la concentration excessive sur les nouvelles formes d’enseignement, de la prise en main des nouveaux outils numériques aux méthodes collaboratives en ligne, risque de se faire un détriment du fond. Remettre le pédagogique au cœur de l’enseignement doit être une priorité pour maintenir la qualité des cours.
  • La nécessité de repenser le présentiel : la proportion prise par l’enseignement en ligne, associée à certains atouts indéniables (pas de temps de transport, optimisation des outils, adaptation plus personnalisée aux besoins de l’étudiant), entraîne un changement des attentes, très perceptible en Asie (demande de flexibilité, de souplesse dans les formats). L’expérience physique en classe doit devenir mémorable et efficace pour rester compétitive. Dans ce contexte, la construction d’offres de cours hybridés devrait être une priorité pour le rayonnement de la langue française.
  • Privilégier une stratégie englobante et évolutive : une approche qui se concentrerait uniquement sur les besoins en équipement serait insuffisante. Une montée en puissance sur les formations en matière de numérique, complétée par une étude de marché sur l’évolution de la demande et une veille sur les pratiques concurrentielles, paraissent indispensables pour réussir le tournant de l’hybridation de l’enseignement du français langue étrangère.
  • Une mobilisation appréciée des têtes-de-pont : l’échange a également été l’occasion de présenter leurs principales actions : la mise à disposition massive de ressources numériques par France Education International (24 000 inscrits), la rédaction d’un guide pratique de la comodalité par l’Alliance française de Paris-Ile-de-France, ou bien encore le rythme soutenu de webinaires à destination des professionnels (7 500 participants, 30 000 vues) mis en place par l’Institut français.

3- Pistes de travail à Hong Kong :

  • Sur la forme, l’expérience des formations hybrides sur du temps long (10 à 15 jours) se poursuivra : l’allongement de la durée de la formation, avec l’alternance de temps synchrones et asynchrones semble prouver son efficacité, après une première expérience réussie en décembre 2020.
  • Sur le fond, la scénarisation des cours – en ligne ou en présentiel – demeurera un axe fort en matière de formation : pour lutter contre l’« insécurité pédagogique des professeurs », une réflexion sera menée par le poste et l’Alliance française de Hong Kong pour proposer des contenus et formations permettant de répondre à cette préoccupation essentielle des professeurs. Cette réflexion se poursuit également dans le cadre du Plan Numérique Chine qui se terminera en novembre 2021 par la rédaction de vadémécum. Le module B a concrétisé les premiers propositions.
  • L’enseignement du français aux jeunes publics restera un fil rouge: le choix a été fait de poursuivre ce sillon tracé depuis 2019. Ce segment reste dynamique en dépit de la crise, et il nous paraît absolument essentiel pour bâtir la francophonie de demain sur un continent en forte croissance, aussi bien démographique qu’économique. L’été, 45% des inscriptions de l’Alliance française concernent les moins de 18 ans.